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Seigneur, le roi se réjouit de ta force ;3
Tu as répondu au désir de son cœur,4
Tu lui destines bénédictions et bienfaits,5
La vie qu’il t’a demandée, tu la lui donnes,6
Par ta victoire, grandit son éclat :7
Tu mets en lui ta bénédiction pour toujours :8
Oui, le roi s’appuie sur le Seigneur :14
Dresse-toi, Seigneur, dans ta force :
Commentaire
Un Dieu qui donne et reprend ?
Il est indispensable de bien laisser résonner en nous le v. 1 : la syntaxe de ce verset accentue fortement le mot Dieu. Il convient aussi de ne pas dissiper ce que ce récit a d’énigmatique par quelque explication psychologique – elles n’ont jamais manqué au cours des âges et selon les écoles …
Ce qui importe ici, c’est de parler d’une tentation qui est survenue dans la vie d’Abraham – seulement en ce sens que l’épreuve lui a été imposée, au sens le plus fort de ces deux mots, par Dieu lui-même, le Dieu d’Israël.
Quand bien même le récit laisse entendre dès le début que Dieu n’ira pas jusqu’au bout de son exigence, Abraham, lui, est conscient d’avoir reçu un ordre d’un sérieux mortel. Il comporte quelque chose d’absolument incompréhensible : l’enfant donné par Dieu après une attente interminable, l’unique lien qui puisse encore le rattacher à la promesse d’une postérité immense, doit être rendu à Dieu en sacrifice !
Abraham a dû déjà se séparer de tout son passé (Gn 12), le voici maintenant appelé à anéantir lui-même tout son avenir. Et lorsque, dans l’ordre de Dieu adressé au père concernant son fils, intervient l’apposition « ton fils, ton unique, celui que tu aimes » (v.2), on est dans l’horreur, le dégoût et la révolte.
L’idée d’« épreuve » pédagogique que Dieu inflige à l’homme pour sonder sa foi et mesurer sa fidélité n’est pas nouvelle dans l’histoire patriarcale : le récit des trois visiteurs aux Chênes de Mamré, si belle pourtant, en est une. Cette notion se retrouve souvent, par la suite, dans la Bible.
On pourrait dire que la foi en elle-même, face au doute, en est déjà une !...