1
Seigneur, rends-moi justice :2
Éprouve-moi, Seigneur, scrute-moi, *3
J’ai devant les yeux ton amour,4
Je ne m’assieds pas chez l’imposteur,5
L’assemblée des méchants, je la hais,6
Je lave mes mains en signe d’innocence7
pour dire à pleine voix l’action de grâce8
Seigneur, j’aime la maison que tu habites,9
Ne m’inflige pas le sort des pécheurs,10
ils ont dans les mains la corruption ;11
Oui, j’ai marché sans faillir :12
Sous mes pieds le terrain est sûr ;
Commentaire
Le baptême de l’Auteur du baptême …
Focalisons-nous encore sur un aspect du passage médité hier à l’aide de deux extraits d’œuvres de pères de l’Eglise dont nous proposons des citations simplifiées.
«C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi et c’est toi qui viens à moi?»
C’est ainsi que Jean-Baptiste expose à Jésus sa réticence.
1. Grégoire le Thaumaturge, natif d’Asie Mineure au 3e siècle, influent Père conciliaire et prédicateur apprécié en tous milieux, imagine ce qu’aurait pu être la pensée du Baptiste: «Toi qui étais au commencement, Toi, reflet resplendissant de la gloire du Père, Toi qui, lorsque tu étais dans le monde, est venu là où tu étais déjà, Toi qui as uni la terre et le ciel par ton saint nom comme par un grand pont: c’est toi qui viens à moi? Alors ce serait le roi qui irait vers le précurseur, le Seigneur vers le serviteur, le potier vers le limon qu’il façonne? Si je ne suis pas digne de défaire la courroie de tes sandales, comment oserais-je toucher le sommet immaculé de ta tête? Quelle prière vais-je faire sur toi, qui accueilles même les prières de ceux qui t’ignorent?»
2. On peut apaiser des doutes semblables à ceux de Grégoire le Thaumaturge par les certitudes de Grégoire de Nazianze, père de l’Eglise né un siècle plus tard en Cappadoce. Il dit, au sujet de la naissance du Seigneur comme au sujet de son baptême: «Quand Jean-Baptiste crie: ‘Préparez le chemin du Seigneur!’ moi je proclame la puissance de ce jour de naissance selon la chair et selon l’Esprit. Celui qui n’avait pas de chair est devenu chair et la Parole est devenue réalité. Celui qu’on ne pouvait voir s’est fait visible, Celui qu’on ne pouvait toucher, tangible, et Celui qui était de tout temps a pris commencement. C’est pour nous qu’il est ainsi devenu: il nous a donné d’être et veut y ajouter que nous soyons heureux. Plus que cela: nous étions arrachés au bonheur par le mal, nous y sommes ramenés par son incarnation. Il a été manifesté, c’est le Dieu qui se révèle.»
Que chaque jour de cette année – de renaissance et de repentance – soit le rappel de Noël.
Pourtant, sur la double page ouverte de ma bible, en même temps que le passage d’aujourd’hui, je vois celui de la tentation de Jésus. Et si l’on intervertissait l’ordre des passages? Si Christ avait d’abord été tenté puis baptisé? Son baptême aurait été compris comme un examen de passage … Or c’est le contraire qui se joue … Fort de son baptême, Jésus peut être entraîné dans l’adversité sans crainte d’oublier ce qu’il a reçu: une reconnaissance pour porter au cœur du désert, des déserts de la vie, la certitude de n’être jamais abandonné. Que son expérience devienne la nôtre!