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1
Pourquoi, Dieu, nous rejeter sans fin ?Â
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2
Rappelle-toi la communautéÂ
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3
Dirige tes pas vers ces ruines sans fin,Â
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4
dans le lieu de tes assemblées, l’adversaire a rugiÂ
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5
On les a vus brandir la cognée,Â
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6
quand ils brisaient les portailsÂ
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7
Ils ont livré au feu ton sanctuaire,Â
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8
Ils ont dit : « Allons ! Détruisons tout ! »Â
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9
Nos signes, nul ne les voit ;Â
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10
Dieu, combien de temps blasphémera l’adversaire ?Â
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11
Pourquoi retenir ta main,Â
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12
Pourtant, Dieu, mon roi dès l’origine,Â
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13
c’est toi qui fendis la mer par ta puissance,Â
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14
toi qui écrasas la tête de LéviathanÂ
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15
toi qui ouvris les torrents et les sources,Â
Commentaire
Le grand vizir
On peut lire le roman de Joseph comme l’histoire exemplaire de l’ascension d’un émigré dans son pays d’accueil, avec à la clé une intégration parfaitement réussie: Joseph épouse la fille du prêtre d’Egypte et ils ont deux fils – cadeaux de Dieu guérissant des misères passées – qui seront à la tête de deux tribus d’Israël.
Cette ascension et cette intégration sont racontées comme une évidence, ce qui témoigne de la vision harmonieuse, qu’on avait à l’époque du récit, des relations entre l’Egypte et la communauté juive. Il est bon de se souvenir que cette vision paisible a existé – à côté d’autres récits qui témoignent, eux, de moments houleux, de relations de méfiance voire de haine entre ces deux peuples.
L’intégration de l’émigré Joseph se fait en faveur du pays qui l’accueille – les Egyptiens surmontent la famine grâce à ce que Joseph a mis en place avec l’accord de Pharaon, et aussi en faveur de sa famille d’origine – le père, les frères de Joseph et toute la tribu survivront à la famine grâce à ce que Joseph aura accompli comme premier ministre.
Cette vision d’une intégration entièrement positive gagnerait à être mise en évidence, comme un espoir, une promesse, une invitation à ne jamais abandonner la recherche de solutions à long terme pour l’accueil des immigrés ! Qu’elle nous ouvre les yeux sur les histoires de migrations qui trouvent une fin heureuse chez nous. Ces gens venus d’ailleurs qui contribuent modestement ou notoirement à construire avec nous un coin de planète vivable, aujourd’hui comme au temps de Joseph.