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Pourquoi te glorifier du mal,4
De ta langue affilée comme un rasoir,5
Tu aimes le mal plus que le bien,6
tu aimes les paroles qui tuent,7
Mais Dieu va te ruiner pour toujours,8
Les justes verront, ils craindront,9
« Le voilà donc cet homme10
Pour moi, comme un bel olivier11
Sans fin, je veux te rendre grâce,
Commentaire
Entre échec et réussite, l’itinéraire de la Parole…
L’auteur des Actes a dû disposer d’une sorte de carnet de voyage de la mission paulinienne. Le «nous» du récit vise à le crédibiliser. L’itinéraire – un cabotage de port en port – semble guidé par les hasards du déchargement des bateaux. Mais il est avant tout et aussi celui de la Parole qui, de Jérusalem à la Grèce, de la Grèce à Jérusalem et de Jérusalem à Rome, dit la continuité de la foi avec les Juifs et en même temps l’universalité de cette foi.
Jérusalem est le lieu de tous les dangers. C’est poussé par l’Esprit que Paul s’y rend. Mais le même Esprit incite les chrétiens de Tyr à l’en dissuader…
Pourtant Paul va monter à Jérusalem. Les événements qui se déclencheront le conduiront à Rome, puis à la mort.
Attachés à lui, les croyants le supplient de ne pas entreprendre ce voyage. D’abord, Paul enjoint à ses proches de cesser de lui faire mal par excès d’amour. Puis il les invite à comprendre qu’il les aime lui aussi. Enfin, il les appelle à subordonner leur affection à la valeur supérieure que représente le plan de Dieu. L’amitié – fût-elle amitié spirituelle – cesse alors d’être appropriation de l’autre pour devenir fidélité à l’intérieur d’un projet qui dépasse aimants et aimés.
En fait, lorsque Paul sera mort, il sera restitué aux chrétiens sous la merveilleuse figure qu’il prend dans le livre des Actes, figure vénérée par les croyants de tous les temps. Ce qui apparaît comme échec – la disparition de Paul – devient alors providentiel.