1
Seigneur, éco
ute la justice ! †
Entends ma plainte, accu
eille ma prière :
mes lèvres ne m
entent pas.
2
De ta face, me viendr
a la sentence :
tes yeux verr
ont où est le droit.
3
Tu sondes mon cœur, tu me vis
ites la nuit, †
tu m’éprouves, sans ri
en trouver ;
mes pensées n’ont pas franch
i mes lèvres.
4
Pour me conduire sel
on ta parole,
j’ai gardé le chem
in prescrit ;
5
j’ai tenu mes p
as sur tes traces :
jamais mon pi
ed n’a trébuché.
6
Je t’appelle, toi, le Die
u qui répond :
écoute-moi, ent
ends ce que je dis.
7
Montre les merv
eilles de ta grâce, *
toi qui libères de l’agresseur
ceux qui se réfug
ient sous ta droite.
8
Garde-moi comme la prun
elle de l’œil ;
à l’ombre de tes
ailes, cache-moi,
9
loin des méch
ants qui m’ont ruiné,
des ennemis mort
els qui m’entourent.
10
Ils s’enferment d
ans leur suffisance ;
l’arrogance à la bo
uche, ils parlent.
11
Ils sont sur mes pas : mainten
ant ils me cernent,
l’œil sur moi, pour me jet
er à terre,
12
comme des lions pr
êts au carnage,
de jeunes fauves tap
is en embuscade.
13
Lève-toi, Seigneur, affronte-l
es, renverse-les ;
par ton épée, libère-m
oi des méchants.
14
Que ta main, Seigneur, les excl
ue d’entre les hommes, *
hors de l’humanité, hors de ce monde :
tel soit le s
ort de leur vie !
Réserve-leur de qu
oi les rassasier : †
que leurs fils en s
oient saturés,
qu’il en reste enc
ore pour leurs enfants !
15
Et moi, par ta justice, je verr
ai ta face :
au réveil, je me rassasier
ai de ton visage.
Commentaire
Face au Dieu vivant, que sont les idoles de mort ?
Face à toute une industrie qui prétend inventer la vie et les robots du bonheur, voici, tel que le confesse Jérémie, tel qu’il en fait l’expérience quotidiennement dans l’adversité, le Seigneur vivant créateur de tout être équipé de son Souffle.
Mais quel effet produisent ses paroles inspirées sur toute cette quincaillerie ?
Aucun pour le moment, si ce n’est la promesse que ces dieux sans ciel ni terre « seront balayés de la terre et qu’il n’y aura plus de place pour eux dans le ciel ».
Tiens ! Pourquoi le v. 11 de cette prophétie, et lui seul alors que le reste est en hébreu, est-il soudainement proclamé en araméen, langue internationale de l’époque ? Parce qu’il est une proclamation urbi et orbi … qui annonce toutes les victoires futures de Dieu sur ses « concurrents » depuis le temps de cette lecture jusqu’à celui évoqué par le dernier verset de l’Apocalypse.
Certes, on peut se délecter des descriptions ironiques et iconoclastes des idoles et faux dieux qu’elles représentent. Considérons toutefois qu’elles ne sont que l’arrière-fond grinçant – une Machine à Tinguely – propre à mettre en valeur l’ordre et l’harmonie que « le Trésor d’Israël, le Créateur de l’univers » veut pour le monde, sa conservation et la survie de tous au gré de pluies réglées et de chaleurs opportunes. Cette œuvre doit nous laisser dans le silence de l’adoration – « sans voix », dit le v. 14 – qui ne cherche plus à contrefaire ni contredire.
Que pourraient devenir ces robots et automatismes devant lesquels on s’extasie si facilement sinon des objets qui, prolongeant nos désirs et le rayon d’action de nos membres et de notre intelligence, nous enferment dans nos limites sans fenêtre sur le Mystère de la rédemption.
À moins qu’ils se contentent de leur rang d’outils : « Tout est à vous … mais vous êtes à Christ et Christ est à Dieu » (1 Co 3, 21-23).