1
Seigneur, je t’appelle : acco
urs vers moi !
Écoute mon appel quand je cr
ie vers toi !
2
Que ma prière devant toi s’él
ève comme un encens,
et mes mains, comme l’offr
ande du soir.
3
Mets une garde à mes l
èvres, Seigneur,
veille au se
uil de ma bouche.
4
Ne laisse pas mon cœur pench
er vers le mal
ni devenir complice des h
ommes malfaisants.
Jamais je ne goûter
ai leurs plaisirs :
5
que le juste me reprenne et me corr
ige avec bonté.
Que leurs parfums, ni leurs poisons, ne to
uchent ma tête !
Ils font du mal : je me ti
ens en prière.
6
Voici leurs juges précipit
és contre le roc,
eux qui prenaient plais
ir à m’entendre dire :
7
« Comme un sol qu’on reto
urne et défonce,
nos os sont dispersés à la gue
ule des enfers ! »
8
Je regarde vers toi, Seigne
ur, mon Maître ;
tu es mon refuge : ép
argne ma vie !
9
Garde-moi du fil
et qui m’est tendu,
des embûches qu’ont dress
ées les malfaisants.
Commentaire
Apprends très tôt la reconnaissance !
Ce douzième et dernier chapitre de l’Ecclésiaste – qui décrit aussi le dernier chapitre de la vie humaine biologique ! – commence par une parole bien amicale en regard du caractère nostalgique, voire sombre, des propos qu’il va tenir : la description sans complaisance de notre vieillissement, terrain dans lequel bien assez tôt la mort jette ses têtes de ponts.
Il nous tend son élégie comme un miroir, ou comme un album de photos souvenirs.
À cette différence près, cependant, que l’album nous présente les images du temps passé où nous étions « jeunes et beaux », alors que le sage nous présente l’album futur et virtuel du moment où nous ne serons plus que « … et … ».
On pense à l’adage romain qu’un garde du corps répétait à l’empereur tandis qu’il défilait en triomphe sur son char : « Memento mori ! », souviens-toi que tu dois mourir.
Salutaire conseil, qui pourtant ne remplit personne de joie…
C’est pourquoi l’Ecclésiaste conseille : « Souviens-toi de ton Créateur… » C’est à la vie que tu dois penser, à Celui dont elle émane et qui te la donne chaque jour, avec le cadre et les limites qui sont l’écrin protecteur de ce trésor.
« … Pendant les jours de la jeunesse ! » Avant que ne viennent les jours blasés par l’habitude et désabusés à force de désillusions. Mais la vieillesse est-elle toujours heureuse ? La jeunesse l’est-elle forcément ?... C’est aussi un temps plein d’inquiétudes et de troubles.
Amicale, la parole du sage l’est encore dans la pudeur et la poésie dont elle habille les signes extérieurs et intérieurs du vieillissement – on peut adhérer ou non à ces images évocatrices. Elle fait du déshabillage un revêtement, dans le sens de Paul : « Nous ne perdons pas courage, car même si, en nous, l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour » (2 Co 4,16). C’est ce que l’Esprit dit à celles et ceux qui demandent son aide pour habiller leur vie.