1
Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi,2
Chaque jour je te bénirai,3
Il est grand, le Seigneur, hautement loué ;4
D’âge en âge, on vantera tes œuvres,5
Je redirai le récit de tes merveilles,6
On dira ta force redoutable ;7
On rappellera tes immenses bontés ;8
Le Seigneur est tendresse et pitié,9
la bonté du Seigneur est pour tous,
Commentaire
Feuille de route
Dans la suite de ses recommandations éthiques à destination de la communauté de Corinthe, Paul aborde ici une problématique vraisemblablement délicate dans une société au contexte religieux polythéiste (mais laquelle ne l'est pas en son fond ?) : est-il permis à un adepte chrétien d'assister à un banquet offert suite au sacrifice dans le temple d'une divinité quelconque ? S'il apparaît bien que - mutatis mutandis - la communauté chrétienne se tient en réalité nécessairement et donc jusqu'à aujourd'hui devant le problème de sa singularité dans la société humaine, observons ici comment Paul énonce un principe qui doit dicter toute décision dans son rapport à ce qui l'entoure. Opposant la connaissance qui « enfle » à l'amour qui « édifie », il veut offrir à ceux qu'il enseigne une sorte de feuille de route du comportement authentique: c'est fondamentalement en ce que son action a de constructif dans la communauté que se distinguera le croyant. C'est en participant à la construction d'une « maison » commune, en devenant « écologique » (mot qui littéralement concerne l’édification d’un lieu habitable par tous, bien avant son avatar politique moderne) qu'il sera le plus proche de ce à quoi l'appelle sa « connaissance ».
De tout temps, les sociétés humaines ont édicté des lois, des règles et des principes pour y conduire, basés jusqu’ici toujours sur un socle religieux. Le christianisme (précédé en cela déjà par le courant prophétique juif), dont l’apôtre Paul se fait ici d’une certaine façon le premier éthicien, introduit dans cette histoire une sorte de rupture, une anomalie. Là où avaient pu s’élaborer des codes de loi comme détachés de l’humain, c’est-à-dire le surplombant tellement qu’il n’avait, en tant que tel, qu’une existence qu’on pourrait dire pratiquement « secondaire », la nouvelle foi que l’apôtre professe fait, au contraire, de cet humain la visée unique et incontournable de toute démarche éthique. Ainsi, dans le cas présenté ici de ces pratiques idolâtres, rien n’importe que le bien d’autrui, et en particulier de celui que Paul appelle « faible », c’est-à-dire de celui dont la foi est encore fragile. Tout commence et tout se termine, en christianisme, devant le visage d’autrui dont il faut pouvoir répondre devant Dieu, en prolongement de l’avènement de l’homme Jésus-Christ, don de Dieu au monde.