12
Est-il un homme qui craigne le Seigneur ?13
Son âme habitera le bonheur,14
Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ;15
J’ai les yeux tournés vers le Seigneur :16
Regarde, et prends pitié de moi,17
L’angoisse grandit dans mon cœur :18
Vois ma misère et ma peine,19
Vois mes ennemis si nombreux,20
Garde mon âme, délivre-moi ;21
Droiture et perfection veillent sur moi,22
Libère Israël, ô mon Dieu,
Commentaire
Liberté et autorité de la prédication des prophètes
Le prêtre Amatsia, chef d’un clergé local très lié à la cour et l’establishment royal, a discerné dans la parole libre et rugueuse d’Amos avant tout un danger politique, l’annonce d’une menace contre le pouvoir du roi et l’institution religieuse que celui-ci chapeaute. Alors qu’il s’agit, beaucoup plus fondamentalement, d’un péril spirituel : le peuple, comme la cour, ne construit pas sa prospérité en s’alignant sur le fil à plomb (v. 7, d’hier) de l’Alliance. Tout risque l’écroulement.
Il prend l’initiative d’une mesure d’expulsion : se débarrasser du prophète gênant en le renvoyant dans ses montagnes du petit royaume du sud, Juda. Il parle avec mépris de ce berger mal dégrossi qui fait tache dans un Israël du Nord prospère et cultivé, de son pays d’origine et surtout de sa vocation prophétique – il ignore lourdement Celui qui envoie les prophètes, faisant souverainement fi des frontières.
Remarquons qu’Amatsia prend ainsi exactement l’attitude qu’Amos dénonce dans ses discours : il s’appuie sur l’institution royale et sur le sanctuaire – gangrené de pratiques du paganisme environnant – pour refuser de se laisser mettre en question par l’autorité absolue de Dieu, Maître des deux parties d’un Israël divisé.