2
Berger d’Isra
ël, écoute,
toi qui conduis Jos
eph, ton troupeau :
resplendis au-dess
us des Kéroubim,
3
devant Éphraïm, Benjam
in, Manassé !
Rév
eille ta vaillance
et vi
ens nous sauver.
℟
4
Dieu, fais-no
us revenir ; *
que ton visage s’éclaire,
et nous ser
ons sauvés !
5
Seigneur, Die
u de l’univers, *
vas-tu longtemps encore
opposer ta colère aux pri
ères de ton peuple,
6
le nourrir du p
ain de ses larmes, *
l’abreuver de l
armes sans mesure ?
7
Tu fais de nous la c
ible des voisins :
nos ennemis ont vraim
ent de quoi rire !
℟
8
Dieu, fais-no
us revenir ; *
que ton visage s’éclaire,
et nous ser
ons sauvés !
9
La vigne que tu as pr
ise à l’Égypte,
tu la replantes en chass
ant des nations.
10
Tu déblaies le s
ol devant elle,
tu l’enracines pour qu’elle empl
isse le pays.
11
Son ombre couvr
ait les montagnes,
et son feuillage, les c
èdres géants ;
12
elle étendait ses sarm
ents jusqu’à la mer,
et ses rej
ets, jusqu’au Fleuve.
13
Pourquoi as-tu perc
é sa clôture ?
Tous les passants y grapp
illent en chemin ;
14
le sanglier des for
êts la ravage
et les bêtes des ch
amps la broutent.
(℟)
15
Dieu de l’univ
ers, reviens !
Du haut des cieux, reg
arde et vois :
visite cette v
igne, protège-la,
16
celle qu’a plant
ée ta main puissante,
le rejeton qui te d
oit sa force.
17
La voici détru
ite, incendiée ;
que ton visage les men
ace, ils périront !
18
Que ta main souti
enne ton protégé,
le fils de l’homme qui te d
oit sa force.
19
Jamais plus nous n’ir
ons loin de toi :
fais-nous vivre et invoqu
er ton nom !
℟
20
Seigneur, Dieu de l’univers,
fais-no
us revenir ; *
que ton visage s’éclaire,
et nous ser
ons sauvés.
Commentaire
Reconnaissance
Dernières paroles de Moïse, les versets 26-29 résonnent du bruit des armes. Difficile d’entrer dans un tel enthousiasme guerrier. L’humanité a trop souffert de sang et de larmes. Que faire de ce Dieu qui galvanise ses troupes et dit: «Extermine»? Sommes-nous encore devant le Dieu d’Elie, dévoilé dans le «bruit léger d’un souffle ténu», ou celui du Christ en croix? Paradoxalement, oui! Ce n’est pas Dieu qui a changé, mais notre sensibilité spirituelle et notre conception du monde et de l’histoire, travaillées au cœur par la foi judéo-chrétienne! Il est des affirmations que nous ne pouvons plus confesser de la même manière. Dans ce passage, bien des siècles après les événements, la tradition relit l’histoire d’Israël comme fondamentalement conduite par Dieu lui-même. Yahvé devient un véritable «chef de guerre». La conquête de Canaan et l’avènement du royaume d’Israël sont compris comme l’œuvre de Dieu. A lui seul la reconnaissance! Et c’est là, la dimension spirituelle et théologique qui nous rejoint. Une théologie historique de la grâce. Le peuple élu ne «mérite» pas ses succès. Il est appelé à les vivre comme des dons! Et ce Dieu de grâce est fondement des bénédictions qui accompagnent chaque tribu.