1
Seigneur, éco
ute la justice ! †
Entends ma plainte, accu
eille ma prière :
mes lèvres ne m
entent pas.
2
De ta face, me viendr
a la sentence :
tes yeux verr
ont où est le droit.
3
Tu sondes mon cœur, tu me vis
ites la nuit, †
tu m’éprouves, sans ri
en trouver ;
mes pensées n’ont pas franch
i mes lèvres.
4
Pour me conduire sel
on ta parole,
j’ai gardé le chem
in prescrit ;
5
j’ai tenu mes p
as sur tes traces :
jamais mon pi
ed n’a trébuché.
6
Je t’appelle, toi, le Die
u qui répond :
écoute-moi, ent
ends ce que je dis.
7
Montre les merv
eilles de ta grâce, *
toi qui libères de l’agresseur
ceux qui se réfug
ient sous ta droite.
8
Garde-moi comme la prun
elle de l’œil ;
à l’ombre de tes
ailes, cache-moi,
9
loin des méch
ants qui m’ont ruiné,
des ennemis mort
els qui m’entourent.
10
Ils s’enferment d
ans leur suffisance ;
l’arrogance à la bo
uche, ils parlent.
11
Ils sont sur mes pas : mainten
ant ils me cernent,
l’œil sur moi, pour me jet
er à terre,
12
comme des lions pr
êts au carnage,
de jeunes fauves tap
is en embuscade.
13
Lève-toi, Seigneur, affronte-l
es, renverse-les ;
par ton épée, libère-m
oi des méchants.
14
Que ta main, Seigneur, les excl
ue d’entre les hommes, *
hors de l’humanité, hors de ce monde :
tel soit le s
ort de leur vie !
Réserve-leur de qu
oi les rassasier : †
que leurs fils en s
oient saturés,
qu’il en reste enc
ore pour leurs enfants !
15
Et moi, par ta justice, je verr
ai ta face :
au réveil, je me rassasier
ai de ton visage.
Commentaire
Question de regards
Cette variante d’un texte bien connu est propre à Luc. Vous avez certainement reconnu le récit de l’onction à Béthanie. Qui est cette personne? Le narrateur nous dit qu’il s’agit «d’une femme de la ville qui était pècheresse» (verset 37). La tradition chrétienne en a fait une prostituée. Mais elle pourrait également être une femme de collecteur d’impôts ou une estropiée – dans tous les cas, elle est incapable de satisfaire au strict code de pureté.
Cette femme est jugée, rejetée, infréquentable, stigmatisée. Dans ses gestes d’une douceur incroyable, cette femme est en larmes.
Les Pères du désert (troisième et quatrième siècles), en évoquant les pleurs, aimaient à parler de la «grâce des larmes». Le trop-plein s’écoule, est accueilli, il y a libération.
Avec la question que Jésus formule à Simon: «Tu vois cette femme?» (verset 44), on peut imaginer qu’elle n’est plus regardée dans sa globalité. Comment peut-il en être autrement lorsqu’il y a jugement, rejet, isolement, stigmatisation?
Paul Ricœur nous laisse cette très belle phrase: «Le pardon consiste à dire: ‘Tu vaux mieux que tes actes’.»