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Toi, tu es juste, Seigneur,138
Tu promulgues tes exigences avec justice,139
Quand mes oppresseurs oublient ta parole,140
Ta promesse tout entière est pure,141
Moi, le chétif, le méprisé,142
Justice éternelle est ta justice,143
La détresse et l’angoisse m’ont saisi ;144
Justice éternelle, tes exigences ;
Commentaire
La Parole restitue l’humanité
Après la tempête, le calme.
Eh bien, c’est sans compter les effets de la bonne nouvelle dont Jésus est porteur. Cette nouvelle remet en question les choses établies. Dans notre récit, le décor est planté : un homme à la force herculéenne impose son instabilité à tout un coin de pays. Il est précisé que cet homme vit nu, comme pour nous dire qu’il a perdu toute dignité humaine. D’ailleurs, il ne parle plus. Le mal parle à sa place, en le rendant muet. Sa demeure est le cimetière, il vit dans la mort et ne connaît plus ce que vivre peut signifier pour lui. Sa liberté est entravée à la fois par les chaînes que ses compatriotes cherchent en vain à lui imposer pour le cadrer, et à la fois par les démons qui l’entraînent dans les déserts, l’éloignant de la population pour une nouvelle prison. Ici, l’humanité s’est volatilisée.
Un rebondissement survient lorsque Jésus interroge cet homme: qui es-tu, quel est ton nom? Par cette question, Jésus touche à l’identité de cet homme dépossédé de lui-même. Le mal parle comme lorsque, pour renaître à la vie, une personne ose enfin nommer ce qui la touche au plus profond d’elle-même. Nommer est déchirant et arrache la personne à sa propre histoire douloureuse et blessée. C’est bien cela que Jésus fait : il visite par sa question ce passé possédé par la souffrance qui enferme celui qui en est victime. Dans notre récit, Jésus ne parle nullement de péchés que cet homme aurait pu commettre; sa parole est simplement libératrice.
Mais que craint ensuite cette population puisque tout rentre enfin dans l’ordre?
Il n’est rien dit de la perte du troupeau, mais on peut imaginer que l'économie locale en prend un sacré coup! Cela signifie-t-il que l’Évangile touche à notre façon de vivre et qu’il peut, parfois, la remettre sérieusement en question? Ici, c’est le cas, car il s’agit de replacer l’humain au centre des préoccupations. Et la crainte vécue n’est pas divine, mais plutôt faite des conséquences du changement que provoque cette libération. Oui, parfois l’Évangile peut faire peur dans ce qu’il exige de notre part un profond changement.